Depuis plusieurs années, on nous bassine avec les problèmes liés à la lumière bleue émise par nos écrans, toujours plus présents dans nos vies. Aussi, cette dernière décennie a vu l’émergence de logiciels spécialisés pour pallier ce problème.
Au départ, quand on me parlait d’un logiciel pour régler ce problème de lumière bleue, j’étais plus que dubitatif. Mais après coup, par honnêteté intellectuelle, je ne pouvais pas me montrer critique face à ce type d’application sans pour autant avoir essayé. À l’heure où j’écris ces lignes, voilà six mois que j’en utilise sur tous mes écrans et plus question de m’en séparer.
Un écran vous affiche une image en procédant au mélange de trois couleurs : rouge, vert et bleu (j’en ai d’ailleurs déjà parlé ici). Concernant cette dernière, elle est reconnue comme étant la plus énergique et aurait de nombreux effets indésirables sur la santé. La partie potentiellement dangereuse concerne plus spécifiquement la lumière bleu-violet, tandis que la lumière bleue naturelle tire sur le turquoise. Avec des écrans de plus en plus invasifs, on estime par exemple qu’un enfant né en 2015 aura passé à l’âge de 7 ans l’équivalent d’une année complète, jour et nuit, à scruter un écran. C’est certainement, entre autres, pour cette raison que les pontes de la Silicon Valley mettent leurs enfants dans des écoles sans écrans (sans parler du problème d’addiction avérée que les écrans engendrent chez les enfants). Bref, pour toutes ces raisons (parmi tant d’autres), j’ai banni la télévision depuis une dizaine d’années, tandis que mon épouse et moi-même faisons preuve d’une vigilance accrue concernant l’usage du smartphone en présence des petits.
Plus concrètement, les problèmes à craindre sont, à long terme, des lésions oculaires et un développement de la cataracte ; à court terme, des perturbations endocriniennes (il s’agit du système hormonal) et en conséquence des problèmes de sommeil (chute du taux de mélatonine, l’hormone du sommeil). Alors quand, comme moi, vous passez 7 à 15 heures par jour sur votre ordinateur, ça commence à poser question. Et comme le dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir.
Quelles solutions ?
Si les lunettes spéciales avec filtre anti-lumière bleue fleurissent ici et là, on trouve d’une part des alternatives que j’estime sérieuses chez les fabricants de verres correcteurs. Les verres de ma dernière paire de lunettes de vue, que j’ai depuis bientôt deux mois, incluent par défaut un léger filtre anti-lumière bleue. Vous pouvez aussi en faire la demande, car ça reste une option pour la plupart des verres correcteurs. Certains de ces filtres changent toutefois légèrement notre perception des couleurs, et donc du monde, ce qui peut être un problème. D’autres, comme dans mon cas, n’affectent en rien cette perception, mais sont moins efficaces.
Certains constructeurs d’écrans proposent aussi depuis peu des écrans dont la lumière bleue émise n’est pas nocive, en calibrant celle-ci sur la lumière bleue naturelle. Vous vous en doutez, ce type d’écran a un coût conséquent. Notez toutefois que la lumière projetée (cinéma, vidéoprojecteurs) ne souffre pas de ces problèmes.
La solution la plus intéressante à mon goût passe par l’utilisation d’un logiciel. Il s’agit d’installer une application qui va changer le calibrage des couleurs de votre écran. Ce logiciel va alors faire tirer celui-ci vers le jaune orangé, de façon plus ou moins marquée selon l’heure de la journée.
J’ai donc installé :
- Redshif, sur Linux
- LightBulb, sur Windows
- Night Shift, sur Android (anciennement Eyes Shield)
Il existe également, plus populaire, le logiciel f.lux. Mais personnellement, bien qu’il soit très simple d’utilisation, j’ai trouvé que l’altération des couleurs, qu’il provoquait, trop importante.
Effets du filtre à 7 jours de test
J’ai été très agréablement surpris. En quelques jours, tandis que je partais avec un a priori négatif, la qualité de mon sommeil s’est grandement améliorée. Conséquence : je suis plus en forme et… je dors plus ! Tandis que 5 heures par nuit me suffisent et correspondent à mon rythme de sommeil depuis toujours, j’en suis venu à dormir plus souvent 6 heures, voir 8 heures, par nuit. Sans que cela ne soit l’objet d’une étude scientifique en bonne et due forme, j’en viens à la conclusion que mon taux de mélatonine en avait pris un sérieux coup dans la tronche. Alors je peux toujours me contenter de 5 heures par nuit, ce n’est pas un problème. Mais si je me couche plus tôt, je n’ai désormais aucun mal à m’endormir.
Comme je suis moins fatigué à la fin de mes journées et mieux reposé de mes nuits, je peux de nouveau lire un livre sans m’endormir dessus au bout de 5 minutes. Et puisque je termine certaines soirées sur un livre plutôt que sur un écran, ça vient nourrir un cercle vertueux. Et forcément, ça se ressent au quotidien dans mon travail : je suis plus efficient. Petite nouveauté : dormir plus de 8 ou 9 heures ne me donne plus mal à la tête…
Pousser le vice
Après avoir lu un article sur l’économie de l’attention, j’ai voulu pousser plus loin, en passant l’écran de mon smartphone en noir et blanc. C’est possible sur Android en activant le mode développeur. L’idée était surtout d’économiser le temps que me « volait » mon smartphone. Il est alors intéressant de constater que face à des écrans, nous sommes comme des gamins devant une boîte de crayons de couleur : passez votre écran en noir et blanc et l’intérêt que vous aurez pour ce dernier diminuera énormément.
La première journée, c’est un peu déroutant. Au final, ça permet de remettre le smartphone à sa juste place : un simple outil du quotidien. Je ne le regarde plus que quand c’est nécessaire et j’ai gagné encore un peu plus en attention. J’ai toutefois laissé Night Shift d’installé, afin que le contraste du noir et du blanc soit plus doux. Je note aussi, grâce à ça, un allongement considérable de l’autonomie de la batterie (2 petites charges par semaine suffisent).
Et si quelqu’un dispose d’un moyen pour passer mon second écran d’ordinateur en noir et blanc, je suis preneur, car je n’ai pas trouvé de solution valable malgré mes recherches.
Effets du filtre à 6 mois de test
La conclusion est la même. Que dire d’autre ? Parfois je dois désactiver le filtre pour avoir accès aux bonnes couleurs, quand je regarde un film ou quand je travaille sur de la couleur avec précision. Mais c’est un véritable arrachage de la rétine à chaque fois et c’est là que je me rends compte des effets dévastateurs des écrans sur notre vue. Bref, ça ne mange pas de pain, c’est gratuit, ça fait du bien aux yeux, au corps et on se sent mieux ensuite. À mettre en place sur tous vos écrans sans attendre.