Aujourd’hui, je passe le clavier à Emmanuel Brejon, confrère spécialisé dans la communication visuelle en milieu ecclésial. Un sujet trop peu abordé professionnellement de par son aspect subversif. Alors je prends le risque et je laisse l’ami Emmanuel vous faire un point sur le sujet.
L’Église, avec ses associations, pasteurs, œuvres humanitaires, sociales ou solidaires, entreprises, maisons d’édition, etc., détient un trésor, celui de proposer la rencontre avec Dieu (rien que ça !). Au vu de cet objectif, on ne peut que mettre le paquet sur la com. Et pourtant, nombreux sont les freins au professionnalisme. Pourquoi ? Voici un élément de réponse dans cet article, d’après ma (petite) expérience.
On n’a pas de budget !
Une paroisse très engagée dans l’annonce de la bonne parole (mais ça aurait pu être n’importe quelle autre structure d’Église, ou association), est entrée en contact avec moi récemment, pour la refonte de son site Internet. On a échangé pendant une heure ou plus, avec passion. Nous étions sur la même longueur d’onde. Vint l’attente de la validation du devis. Oh, surprise, l’église locale a finalement décidé de faire elle-même son site Internet (lol au passage).
Voici son argumentaire : « C’est une trop grosse dépense pour notre paroisse ». Elle aurait plutôt pu se dire, selon moi : « Nous investissons pour notre paroisse ».
Le problème : une confusion entre dépense et investissement !
Les structures d’Église, à l’instar de celle citée précédemment, confondent tout bonnement dépense et investissement. Pour bien comprendre la nuance, prenons un exemple concret :
Je dépense 5 € pour acheter un kebab, mais j’investis 5 € dans de la publicité Facebook pour mon activité de graphiste. L’argent du kebab est dépensé, mon repas est terminé, demain est un autre jour. L’argent de la pub Facebook par contre, a permis qu’une Maison d’édition me remarque, on s’est rencontrés et suite à nos échanges on s’est lancé dans la création une nouvelle ligne éditoriale qui m’apporte du boulot pour plusieurs semaines !
Pour notre exemple de paroisse, la nuance peut être plus subtile, car souvent elles investissent pour… du bénévolat (comme l’annonce de la Bonne nouvelle) ! Et cela ne rapporte pas d’argent; c’est pourquoi elles voient leur communication comme une dépense et non un investissement. Et pourtant, c’est bel et bien un investissement : par ce nouveau site –par exemple- les résultats (quantifiables, s’il vous plaît) seraient nombreux.
Mais quel genre de résultats ?
Nous aurons par exemple des personnes éloignées de l’église, se connectant pour chercher des renseignements au sujet du baptême de leur premier enfant : « Wahou, chérie, viens voir le site de l’église, il déchire : j’ai trouvé de suite les renseignements pratiques pour le baptême de Louise ! Et t’as vu comment il est bien foutu ? Je pensais que l’Église était has been ! »
Un peu plus loin dans le voisinage, une grand-mère connectée se demande si aujourd’hui lundi 7 mai -à cause du pont du 8 mai- il y aura, comme d’habitude, la messe de 18h. Elle arrive sur le site, et oh miracle, on a anticipé sa demande : une fenêtre pop-up s’affiche sur le site : « Aujourd’hui lundi 7 mai, pas de messe à l’église. La permanence reste cependant ouverte ».
D’autres témoignages de retours sur la création du nouveau site fleurissent, le curé est tellement content que l’église lance une campagne de flyers dans les boîtes aux lettres du quartier pour annoncer son lancement.
L’heureux cas de Gérard
Gérard, 49 ans, n’a plus mis les pieds à l’église depuis sa première communion -lorsque son père s’était engueulé avec le curé de l’époque sur les photos pendant la messe ou un truc comme ça; enfin, c’est flou, mais il en garde un mauvais souvenir. Il reçoit le flyer de l’annonce du lancement du site Internet de l’église dans sa boite.
Il se connecte au site, histoire de se f***** de la gueule de l’église (enfin, c’est ce qu’il dit !), et… tombe sur l’invitation au Parcours Alpha. « Pourquoi pas ? » se demande-t-il.
Deux semaines plus tard, Gérard commence un Parcours, avec l’intention de « dire ce qu’il pense, et qu’on ne m’en empêchera pas ! ». Trois mois plus tard, c’est sa confirmation que prépare Gérard, et aujourd’hui c’est un homme nouveau, plein de douceur, qui accueille les nouveaux invités au Parcours Alpha.
La liste est longue et je m’arrêterai là, en espérant que ce post vous aura plu ! Peut-être n’êtes-vous pas familier avec la com’ dans l’Église ou dans les différentes religions, mais mon constat s’applique à beaucoup de structures de type associatif : ne confondons pas DÉPENSE et INVESTISSEMENT. Et… investissons !