Le problème des statuts est un sujet auquel tout indépendant est un jour confronté. EURL, S.A.S., Maison des Artistes… Ils sont légions et ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Et pourtant, il en existe un qui permette au moins de démarrer sereinement son activité : le portage salarial.
À mes débuts, comme beaucoup de créatifs, j’ai fait le choix de l’auto-entreprise. Ce n’est d’ailleurs pas un statut, si on est un peu légaliste, mais un régime fiscal. Bref, pour moi c’était il y a 6 ans. J’en ai vite perçu les limites (qui ne sont plus d’actualité) et j’y ai rapidement mis fin. D’autres font le choix de la Maison des Artistes (MdA), mais quand j’entends parler de la MdA, ce n’est pas souvent en bien. Je pourrai aussi vous parler aussi de la S.A.S., car celle-ci peut être une vraie solution pour les indépendants faisant un gros chiffre d’affaires. Mais tous n’en sont pas là et le but de cet article n’est pas de vous présenter les avantages et inconvénients de tous les statuts qui existent. Bref, venons-en au portage salarial.
Le portage salarial est une solution particulière, puisque celle-ci vous confère le statut de salarié. Vous êtes maître de vos prestations, vous gérez vos clients et ceux-ci vous appartiennent, vous décidez de vos prix, communiquez avec votre propre logo si vous le désirez, mais… vous êtes salarié. En effet, le porté est sous contrat (CDD ou CDI) avec l’entreprise de portage salarial. Né dans les années 80, ce statut a surtout explosé au cours de la dernière décennie. Très utilisé par les seniors en fin de carrière à l’origine, le portage permet d’effectuer une activité salariée tout en restant indépendant dans sa démarche.
Le processus de commande
Si vos devis peuvent être faits à vos couleurs, les bons de commande sont au nom de l’entreprise de portage. Puis, une fois votre mission effectuée, il en va de même pour la facture, directement payée auprès de ladite entreprise de portage par votre client. En retour, celle-ci va s’occuper de régler les charges salariales et patronales, s’octroyer un petit pourcentage de frais de gestion et vous reverser un salaire. Le pourcentage peut varier et avoisiner les 10% (comme c’était le cas dans ma situation) et monter jusqu’à 20 % chez certaines entreprises de portage (mais là, ça s’appelle du vol).
À l’arrivée, pour 1000 € HT facturés, vous allez percevoir grosso modo 470 € net. À cela s’ajoute le remboursement des frais professionnels, qui peuvent monter jusqu’à 30% du salaire brut. Car oui, on peut déduire des frais professionnels dans une certaine mesure (cotisations réseaux pros, téléphone, Internet, séminaires, etc.). Au final, vous recevez un salaire assorti d’une fiche de paye à la fin de chaque mois, et dont le montant varie en fonction du travail que vous avez facturé au cours du mois passé.
Pour quels avantages
Les avantages du portage salarial ne se limitent pas à une simplification de votre gestion administrative et l’obtention d’un statut de salarié. Ainsi, la part prise par l’entreprise de portage c’est :
- L’achat de votre tranquillité : peu de paperasse, pas de RSI, pas d’URSSAF, et donc du temps pour vous consacrer à trouver vos premiers clients.
- Être en CDI : quand on va voir sa banque pour un prêt, le fait d’être en CDI est un gros plus, même si le portage a un aspect précaire.
- Une garantie en cas d’accident du travail (même dans un bureau, tout peut arriver).
- Compatible avec une allocation Pôle Emploi en parallèle, si vous y avez le droit.
- Un numéro d’agrément de formation : la plupart des entreprises de portage bénéficient d’un tel agrément, ce qui permet de proposer des formations en partie remboursables.
- Si vous le souhaitez, un accompagnement dans votre développement commercial.
- Le recouvrement en cas d’impayé.
- La présence d’une structure derrière soit, ce qui a un vrai pouvoir de réassurance auprès de vos prospects.
Édit de Juillet 2018 : et ses inconvénients ?
Le portage salarial a aussi ses inconvénients, et jusqu’à l’année passée je trouvais ceux-ci minimes comparés aux avantages apportés. L’impossibilité de sous-traiter demeurait toutefois handicapante pour répondre à certaines demandes. Conséquence : les prestataires auxquels vous faites appel doivent transmettre leur facture directement à votre client. On peut également citer le salaire net perçu par rapport au montant facturé. Mais si le restant net sur la fiche de paye peut sembler moins élevé en comparaison à la MdA, cette solution apporte en contrepartie des garanties et une simplification de la gestion comme nulle autre. Le portage salarial permet donc de bénéficier des avantages du salarié et de ceux de l’indépendant, mais ça a un prix.
Après plusieurs années en portage salarial, je cesse finalement d’utiliser celui-ci progressivement et j’ai créé ma propre entreprise. Si le portage à de nombreux avantages, il manque cruellement de flexibilité dans sa capacité à nous laisser gérer le client à notre façon. C’est normal, c’est pour éviter certains problèmes. Mais dans certaines situations, ou quand certains clients ont un fonctionnement particulier, cela n’est malheureusement pas viable à long terme.
Autre souci, l’ingérence que peut parfois faire l’entreprise de portage dans la relation commerciale. Ce problème fait parti du précédent, me direz-vous, mais il apporte suffisamment de contraintes pour être souligné.
Bref, le portage salarial est un très bon moyen de se tester et se lancer quand on est jeune créateur d’activité. Il est aussi une excellente solution pour certains professionnels seniors de faire du consulting sans se prendre la tête. Il n’est toutefois pas toujours un modèle viable pour une activité d’indépendant sur du long terme.