Pour beaucoup de graphistes, les affiches de propagandes sont souvent des modèles d’efficacité et de réussite. À la fois simples et impactantes, elles sont pourtant de vraies œuvres d’art ! Voici une sélection d’affiches de propagandes datant de la Première Guerre mondiale.
Il y a cent ans, au début du siècle dernier, le premier âge d’or de la publicité rencontrait le conflit le plus meurtrier de l’humanité : la Première Guerre mondiale. L’art émergent de la conception graphique, aidé par l’invention de la lithographie puis de la chromolithographie, a été soudainement utilisé pour la propagande et les résultats furent excellents : une vision audacieuse, optimiste, joyeuse et très fictive d’une guerre sanglante qui a tué des millions de personnes. Si ces heures ont été parmi les plus sombres de notre histoire, je suis par contre totalement fan des productions visuelles qui en résultent !
La Bibliothèque Nationale Széchényi (OSZK) de Budapest, en Hongrie, dispose d’une merveille collection d’affiches éphémères du monde entier de ces années sanglantes. Ces affiches de propagandes, cartes postales et photographies n’avaient pas été rediffusées depuis la fin de la guerre. Mais une petite partie de la collection de OSZK a été récemment publiée dans un ouvrage repéré par Attila Nagy. Ce livre photo, intitulé La Grande Guerre, a été écrit et édité par des chercheurs de l’OSZK : Anikó Katona et Anita Szarka.
Ce que nous voyons dans ces images colorées est le début d’une nouvelle ère technologique : mitrailleuses, chars, avions, gaz toxiques ainsi qu’une multitude d’outils développés pour tuer. Comme le dit le livre :
Au début des années 1910, la politique avait reconnu le potentiel du secteur graphique, qui avait été en premier lieu un outil commercial. Des groupes de gauche se tournèrent vers les affiches au début du 20ème siècle pour faire la promotion de leur lutte pour les droits des travailleurs, invitant les gens à des assemblées de masse et des démonstrations.
L’art de l’affiche de la Première Guerre mondiale a donné lieu à des styles nouveaux et radicalement différents. De nouveaux thèmes ont été abordés : le recrutement (dans les pays où le service militaire était volontaire), la collecte de fonds sous forme d’emprunts de guerre, les normes concernant la façon dont les gens vivaient (par exemple l’épargne) ou la solidarité sociale sous la forme de divers événements de charité. Cet ensemble de multiples sujets n’avait qu’un but : que la société finance la guerre. Avec les hostilités, cela s’est avéré un immense défi, d’autant plus dans les pays directement touchés.
Ils ont également représenté des thèmes proches de la guerre : la vie quotidienne à l’avant et à l’arrière-pays, la plupart du temps dans un cadre idyllique. La vie sur le champ de bataille a été présentée comme une aventure masculine passionnante. Les soldats ont été représentés lors d’activités agréables et calmes comme la cuisine, boire et manger, en pause café, à pratiquer la lecture ou à faire des jeux de société. En revanche, la représentation des affrontements armés était beaucoup moins habituelle.
Comme le temps passait, les graves problèmes sociaux causés par la guerre sont de plus en plus venus au premier plan. Sont alors apparues un plus grand nombre d’affiches annonçant des événements de charité et de collectes de fonds au profit de veuves, d’orphelins, de handicapés ou pour la population, les dépeignant souvent comme souffrant. Dans les dernières années de la guerre, un désir de paix allait dominer les affiches dans toutes les parties du monde. Colombes, femmes attendant que leurs maris rentrent à la maison, des images pour reprendre le travail ainsi que le développement ont été parmi les sujets qui ont été soulevés par cette dernière vague de propagande.